Formation à l’examen : circuit RLC parallèle, en régime sinusoïdal
par F5FOD, Jean-Pierre Waymel
RappelUne impédance Z s'exprime mathématiquement au moyen d'un nombre complexe contenant deux informations :
- son module |Z| : c'est la valeur de l'impédance, en ohms,
- son argument φ : c'est le déphasage de la tension par rapport au courant. Il s'agit donc d'un angle, en radians ou en degrés.
Pour alléger le texte, l'expression « module de l'impédance » sera maintenant remplacée par le seul terme « impédance », noté Z en abrégé. 1. Circuit RpLpCp parallèle (indice « p » pour « parallèle »)
Nous allons calculer l'impédance Zp du circuit suivant :

- une résistance Rp,
- une bobine Lp,
- un condensateur Cp. À titre d'exemple, nous prendrons des composants ayant les valeurs suivantes :
Rp = 253,25 kΩ (nous verrons un peu plus loin le pourquoi d'une valeur aussi étrange !),
Lp = 1 mH (plus exactement 1,013 mH),
Cp = 100 pF. Ce circuit est soumis à une tension sinusoïdale u de valeur maximale umax et de pulsation ω = 2πF, F étant la fréquence. iRp est le courant traversant la résistance Rp. Ce courant est :
- sinusoïdal,
- de même pulsation ω donc de même fréquence F,
- en phase avec la tension u. Par conséquent, le déphasage de iRp par rapport à u est égal à 0° soit 0 radian. iCp est le courant traversant le condensateur Cp. Ce courant est :
- sinusoïdal,
- de même pulsation ω donc de même fréquence F,
- en quadrature avance par rapport à la tension u. Par conséquent, le déphasage de iCp par rapport à u est égal à +90° soit +π/2 radian. iLp est le courant traversant la bobine Lp. Ce courant est :
- sinusoïdal,
- de même pulsation ω donc de même fréquence F,
- en quadrature retard par rapport à la tension u. Par conséquent, le déphasage de iLp par rapport à u est égal à −90° soit −π/2 radian. i est le courant traversant l'ensemble RpLpCp.
On devrait pouvoir écrire : i = iRp + iCp + iLp puisque les trois composants sont en parallèle. MAIS ces trois courants iRp, iCp et iLp n'étant pas en phase, on ne peut absolument pas faire cette simple addition !
Tout d'abord, s'agissant d'un circuit parallèle, rappelons que nous avons intérêt à utiliser la notion de conductance Gp :
(1)
(2)
Il existe un moyen bien commode de la retrouver au moyen d'une construction géométrique simple appelée « diagramme de Fresnel ». 2. Obtention de l'admittance Yp puis de l'impédance Zp au moyen du diagramme de Fresnel
Étape 1

Graduons cet axe en siemens (graduations non représentées sur le diagramme ci-dessus). La longueur OA représentera la valeur en siemens de la conductance Gp. Autrement dit OA = Gp = 1/Rp. Étape 2

AB a donc tourné de +π/2 par rapport à la ligne u pour tenir compte du déphasage de iCp par rapport à u, déphasage valant justement +π/2 radian.
À l'étape précédente, nous avions positionné OA sur la ligne u car le déphasage de iRp par rapport à u était nul. Étape 3

AD a donc tourné de −π/2 par rapport à la ligne u pour tenir compte du déphasage de iLp par rapport à u, déphasage valant justement −π/2 radian. Étape 4

- de O à A pour Gp = 1/Rp,
- de A à B pour Cpω, vers le haut,
- de B à C pour 1/(Lpω), vers le bas. Avec la même échelle en siemens, l'admittance Yp du circuit RpLpCp parallèle est égale à la longueur OC. Le triangle OAC est rectangle en A. Appliquons-lui le théorème de Pythagore : « Le carré de l'hypothénuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés », en rappelant que l'hypothénuse est le côté « qui regarde » l'angle droit, ici OC :
1. Les calculs effectués ci-dessus l'ont été sur des longueurs de segments de droite et dans le cas où Cpω était plus grand que 1/(Lpω).
2. Si au contraire Cpω est plus petit que 1/(Lpω), nous obtenons le diagramme suivant :

Il existe une et une seule pulsation remarquable ω0p satisfaisant la condition suivante :
(3)
Reprenons le circuit série RsLsCs de la causerie précédente et sa fréquence de résonance F0s :
L'inductance Lp et la capacité Cp étant au dénominateur de la formule de Thomson, nous en déduisons immédiatement les comportements suivants :
- quand on augmente l'inductance Lp et/ou la capacité Cp, la fréquence de résonance diminue,
- quand on diminue l'inductance Lp et/ou la capacité Cp, la fréquence de résonance augmente. De plus l'inductance Lp et la capacité Cp apparaissant sous la forme de leur racine carrée, nous pouvons préciser (à titre d'exemples) :
- quand on multiplie par 4 l'inductance Lp ou la capacité Cp, la fréquence de résonance est divisée par 2,
- quand on divise par 4 l'inductance Lp ou la capacité Cp, la fréquence de résonance est multipliée par 2. Propriété fondamentale du circuit RpLpCp parallèle à la fréquence de résonance
À la fréquence de résonance F0p et donc à la pulsation ω0p, la condition suivante est remplie :
Dans notre exemple, l'impédance est alors égale à 253,25 kΩ. 4. Graphe de l'impédance Zp en fonction de la fréquence, allure générale
Il suffit de calculer l'impédance Zp pour différentes valeurs de la fréquence F en remplaçant dans l'expression (2) ω par 2πF. Il est souvent commode de tracer le graphe de Zp/Rp en fonction de F/F0p, F0p étant la fréquence de résonance :


Voici la définition du « coefficient (ou facteur) de qualité » Qp de l'ensemble parallèle LpRp :
(4)
Voici un zoom du graphe à proximité de la fréquence de résonance :

(5)
B = 6,3 kHz,
F1 = F0p − B/2 = 496,9 kHz,
F2 = F0p + B/2 = 503,2 kHz.
Nous retrouvons bien ces valeurs sur le graphe. Note : considérer que B se répartit par moitié de chaque côté de F0p n'est valable que si Q0p2 est très grand devant 1, ce qui est le cas dans notre exemple (79,6 × 79,6 = environ 6336). Influence de la valeur de Rp sur la largeur de bande
D'après la définition (4), plus la valeur de Rp est grande, plus le coefficient de qualité Q0p est élevé et d'après la formule (5), plus la largeur de bande B est étroite.
Remarquons que l'expression (4) peut s'écrire de la manière suivante :
Dans notre circuit RpLpCp parallèle, la résistance Rp représente plutôt les pertes du condensateur Cp. Or pour un condensateur de bonne qualité ces pertes sont très faibles, du moins comparées aux pertes de la bobine Lp, si ce n'est à cause de l'effet de peau.
Il est alors plus commode de recourir à un schéma hybride : une résistance Rs et une bobine Ls sont connectées en série et le tout est connecté en parallèle sur un condensateur que nous appellerons tout simplement C. La résistance série Rs représente maintenant les pertes du composant bobine, y compris bien entendu celles dues à l'effet de peau :


Les deux circuits ont le même coefficient (ou facteur) de qualité Q quelle que soit la pulsation ω et donc quelle que soit la fréquence F :
Appellons Q0 le coefficient (ou facteur) de qualité à la pulsation de résonance ω0 :
- calculer la valeur éventuelle de la pulsation de résonance :

Toujours dans notre cas particulier mais très usuel :
Reprenons les valeurs du circuit série (causerie précédente) :
Rs = 40 Ω,
Ls = 1 mH (plus exactement 1,013 mH),
C = 100 pF. Calculons la valeur éventuelle de la pulsation de résonance : ω0 = 3141921,118 rad/s environ et le carré du coefficient (ou facteur) de qualité à cette pulsation de résonance : Q02 = 6331,25.
Cette valeur est bien très grande devant 1 et nous pouvons donc établir le schéma parallèle équivalent avec les composants suivants :
Rp = 40 × 6331,25 = 253250 Ω = 253,25 kΩ,
Lp = Ls = 1,013 mH,
Cp = C = 100 pF. Or ce sont les valeurs que nous avions choisies au début de cette causerie pour notre circuit parallèle classique. Il est donc tout à fait logique que nous ayons retrouvé les mêmes résultats (coefficient ou facteur de qualité, fréquence de résonance, bande passante). << Causerie précédente Causerie suivante >> << Retour à la table des matières