Nous allons maintenant considérer que le générateur G délivre un
signal sinusoïdal de fréquence
,
en hertz, et donc de pulsation
,
en radians/seconde, et que la ligne n'a pas de pertes.
On démontre que la solution de l'équation des télégraphistes concernant la tension le long de la ligne est alors la suivante :
(1)
Euh… pas de panique, nous allons en expliquer chaque terme !
désigne la tension sur la ligne, à
mètres du générateur G. Par exemple, à 53 cm,
. Et
désigne le temps… qui passe (en secondes) !
On retrouve à droite du signe «
» et par 2 fois et
et
qui sont les 2 variables de l'expression de la tension.
et
sont 2 tensions constantes (en volts) pour un générateur G et pour une charge terminale Zt donnés. Autrement dit, elles ne varient pas quand
et/ou
varie(nt).
et
sont 2 angles constants (en radians) pour un générateur G et pour une charge terminale Zt donnés. Autrement dit, ils ne varient pas non plus quand
et/ou
varie(nt).
Enfin
est la constante de propagation. Elle est égale à
.
Rappelons que
et
sont respectivement l'inductance et la capacité linéiques de la ligne. Sa résistance
et son admittance
n'apparaissent pas dans l'expression de
car leurs valeurs sont nulles, la ligne étant considérée sans pertes.
Un dernier mot pour
:
il s'agit de la fonction cosinus. Selon la valeur du nombre calculé entre les parenthèses, ce cosinus prendra une valeur comprise entre (et y compris) +1 et -1, comme tout bon cosinus !
Les présentations étant faites, constatons maintenant que l'expression de la tension le long de la ligne est une addition de 2 termes similaires mais avec 1 différence de signe :
où
On démontre queest une onde sinusoïdale de tension qui se propage du générateur G vers la charge terminale Zt. C'est pour cela qu'elle est appelée « onde directe » ou « onde incidente ».
La vitesse de propagation de cette onde est appelée « vitesse de phase » :
(2)
On démontre aussi queest également une onde sinusoïdale de tension mais qui se propage dans l'autre sens : de la charge terminale Zt vers le générateur G. C'est pour cela qu'elle est appelée « onde réfléchie ».
La vitesse de propagation de cette onde est la même que celle de l'onde directe.
On démontre enfin que la solution de l'équation des télégraphistes concernant le courant dans la ligne est la suivante :
(3)
oùest l'impédance caractéristique de la ligne :
(4)
DM
Développement Mathématique : lecture optionnelle !
Solution de l'équation des télégraphistes en régime sinusoïdal
Le régime étant sinusoïdal, nous pouvons désormais utiliser la représentation par nombres complexes :
Une dérivée par rapport au temps est équivalente à une multiplication par
.
L'équation des télégraphistes s'écrit alors :
ou encore :
et
étant connectés en série, il est judicieux de noter
.
De même pour
et
connectés en parallèle, notons
.
est une impédance linéique (en Ω/m),
est une admittance linéique (en Ω-1/m).
Posons :
puis calculons
:
et introduisons
dans l'équation des télégraphistes :
(5)
De la même façon :
(6)
Il s'agit maintenant de résoudre ces équations différentielles.
On sait que la dérivée de la fonction exponentielle est une fonction exponentielle. Idem pour sa dérivée seconde.
Essayons donc une solution du genre :
et
pouvant être 2 nombres complexes.
Reportons cette expression de
dans (5) :
Par conséquent :
soit 2 valeurs pour
:
L'équation (5) a donc comme solution :
(7)
De même, l'équation (6) a pour solution :
(8)
,
,
et
sont des constantes complexes dont les valeurs sont déterminées par les caractéristiques du générateur G et de la charge terminale Zt.
Néanmoins, nous pouvons calculer
et
. En effet, rappelons l'expression (1) obtenue dans la causerie Lignes de transmission, modélisation :
Comme nous sommes en régime sinusoïdal, remplaçons la dérivée par rapport au temps par une multiplication par
:
(9)
Dérivons ensuite (7) par rapport à
:
(10)
En rapprochant (9) et (10), nous obtenons :
Remplaçons
par son expression (8) :
Nous en déduisons :
Comme
,
l'expression (8) peut s'écrire ainsi :
L'expression
ayant la dimension d'une impédance, notons-la
.
C'est l'impédance caractéristique de la ligne.
Finalement, l'expression (8) devient :
Résumé
(11)
(12)
(13)
(14)
(15)
(16)
et
étant 2 constantes complexes dont les valeurs sont déterminées par les caractéristiques du générateur G et de la charge terminale Zt tandis que
,
,
et
et par conséquent, pour une fréquence donnée,
et
ne dépendent que des caractéristiques physiques de la ligne.
Remarque
Il faut cependant noter qu'en pratique, les pertes
dans les diélectriques augmentent avec la fréquence. De même pour la résistance
à cause de l'effet de peau. L'inductance
et la capacité
,
elles, sont assez stables.
Réintroduisons maintenant le paramètre temps :
Notons :
où
et
sont des nombres réels :
Notons encore :
où
,
,
et
sont aussi des nombres réels.
La tension
et le courant
s'écrivent alors :
(17)
(18)
Que deviennent ces relations dans le monde physique ?
La tension instantanée
est égale à la partie réelle de l'expression (16) :
(19)
et le courant instantané
est égal à la partie réelle de l'expression (17) :
(20)
Examinons l'expression
et imaginons qu'une onde de tension se propage du générateur G vers la charge terminale Zt à une vitesse égale à
.
À
et
,
.
À
,
l'onde aura parcouru une distance égale à
et
sera égal à
.
Par conséquent,
deviendra
Autrement dit,
Nous avons bien une onde de tension qui se propage du générateur G vers la charge terminale Zt, à ceci près qu'elle s'atténue petit à petit à cause du terme multiplicatif
.
Cette onde de tension porte le nom d'onde incidente ou onde directe.
En faisant un changement de variable
et en utilisant la même démonstration, on identifie dans le second terme de
une onde de tension se propageant dans l'autre sens, de la charge terminale Zt vers le générateur G, à la même vitesse.
Cette seconde onde de tension porte le nom d'onde réfléchie. Mais il faut bien voir qu'en un endroit donné de la ligne et à un instant donné, les valeurs de ces 2 tensions s'additionnent pour n'en former plus qu'une seule !
La vitesse de propagation des ondes directe et réfléchie est appelée vitesse de phase
(à ne pas confondre avec une tension) :
(21)
est appelé constante complexe de propagation,
est appelé constante d'atténuation et
est appelé constante de propagation.
Cas particulier : ligne sans pertes
La ligne n'ayant pas de pertes,
et
donc
et
.
Par conséquent
et
(22)
Il n'y a donc plus d'atténuation ni de l'onde directe ni de l'onde réfléchie car
.
Les expressions (17), (18), (19) et (20) se simplifient :
(23)
(24)
(25)
(26)
où tous les termes (sauf
bien entendu) sont réels.
Vitesse de phase et impédance caractéristique deviennent :
(27)
Dans la mesure où
et
sont indépendants de la fréquence, il en est de même pour l'impédance caractéristique (qui devient un nombre réel)
et la vitesse de phase, ce dernier point indiquant que la ligne transmet sans distorsions.